Dans notre précédent article Le ski à Sainte-Brigitte-de-Laval : une tradition bien ancrée, nous avions évoqué les débuts du ski dans la région de Québec et les pratiques hivernales des habitants de Sainte-Brigitte-de-Laval jusqu’à la création du Club de ski Montmorency-Laval.
Dans ce deuxième volet, nous allons poursuivre ce voyage temporel en explorant la pratique du ski à Sainte-Brigitte-de-Laval de 1950 jusqu’à nos jours, en passant par la relance du ski alpin dans les années 60 jusqu’à la création d'un important réseau de ski de fond qui parcourait l'arrière-pays.
Les beaux jours du club de ski Montmorency-Laval
La période faste du Club de ski Montmorency-Laval est caractérisée par une effervescence palpable. Des noms éminents ont marqué cette époque glorieuse : Alex Alain remporte le prestigieux trophée Jos Paquet en 1950. Thérèse Sanschagrin brille en slalom chez les dames la même année. Thomas Dennie gagne à nouveau le trophée Jos Paquet en 1951, deux ans après l'avoir remporté à Laval. D'autres skieurs tels que Jean-Paul Dufresne, Guy Laroche, Roger Auclair, Odilon Marquis, Fernand Goudreault, Norman Keough et Raymond Giroux, pour ne nommer que quelques-uns, vont remporter diverses compétitions et prix durant la période de 1950 à 1953.
C'est également l'ére de la famille Fortier. Elle va notamment s’illustrer dans différentes compétitions au cours de ces années. Parmi ces skieurs talentueux, on compte notamment Jean-Louis Fortier, Louis-Paul Fortier, Jean-Guy Fortier, André Fortier, Jean-Jules Fortier et Marc-André Fortier.
En 1951, Lucien et Fernand Pageau deviennent les nouveaux propriétaires du centre de ski. À l’ouverture officielle de la saison, une course de deux milles est organisée de l’église jusqu’au centre de ski Laval-Montmorency. Le départ est donné par le curé Beaulé en présence du maire Joseph Verret.
Durant cette époque, les skieurs du club Laval-Montmorency ont également brillé dans des compétitions dans d'autres localités telles que Lac-Beauport, Valcartier, démontrant leur talent et leur passion pour ce sport.
En 1953, un nouveau tremplin est inauguré en l’honneur de Paul Godin, ancien champion et juge officiel de la Zone de ski de la Vallée du St-Laurent.
Puis, à partir de 1954, les mentions du Club de ski Laval-Montmorency disparaissent soudainement des journaux. Jean-Paul et Marc-André Fortier participent à une compétition à Lac-Beauport cette année-là sous la bannière du club Montmorency-Laval, mais c’est la seule véritable mention du club jusqu’en 1961…
Grâce à la générosité de Mme Marie Giroux, veuve d'Aimé Giroux, la Société d'histoire de Sainte-Brigitte-de-Laval a reçu un film d'une grande valeur historique, offrant une vision authentique de l'emplacement et des activités animant le centre de ski Laval-Montmorency. Ce précieux témoignage visuel, datant du début des années 60, permet une plongée palpitante dans l'histoire de cette époque.
Qu’est-ce qui explique ce soudain déclin des compétitions de ski à Sainte-Brigitte-de-Laval jusqu’en 1961 ? Pourquoi cessent-elles drastiquement? Faillite des propriétaires, chicane entre les administrateurs, dominance des autres centres régionaux… Si vous avez des réponses, n’hésiter pas à nous les partager!
La relance du ski à Sainte-Brigitte-de-Laval
Le Club de ski Laval-Montmorency est brièvement relancé au début de l'année 1961. On peut lire dans l'édition du quotidien Le Soleil du 6 janvier 1961 : «Un nouveau club de ski vient d'être formé sous la présidence de Maurice Pelletier. Le club portera le nom de Laval-Montmorency et il vient de demander officiellement son adhésion à la zone de ski de la Vallée du St-Laurent. Gérard Veilleux, le président de la zone, a visité ce centre de ski dernièrement et est revenu enchanté de l'enthousiasme qui règne chez les skieurs de ce coin du grand Québec. »
Cette année-là, le club a attiré des skieurs venant même d'Augusta, Maine, comme Sam et Edward Ouellet, qui se sont distingués lors des compétitions. Les athlètes du camp militaire de Valcartier ont également participé à des événements sportifs.
En 1962, la compétition de saut au Laval-Montmorency a connu une montée en prestige, devenant la seule compétition officielle sanctionnée par la Zone de ski de la Vallée du St-Laurent. George Brown a remporté les honneurs lors d'un concours de sauts en février 1962.
Cependant, cette période marque également la dernière référence au club ski Laval-Montmorency dans les médias, qui disparait à nouveau aussi rapidement qu'il avait ressurgi...
Un paysage de ski en expansion
Des gîtes le long des pistes dans l'arrière-pays ont contribué à l'expansion du ski dans la région. Créé en 1967 à Québec, le club Ook-Pik concentre d'abord ses activités dans le secteur de Tewksbury où se trouvait un chalet pour les skieurs.
Le quartier général du club Ook-Pik va s’installer au Club de Golf Alpin à partir d’octobre 1973. Il va jouer un rôle central dans l’expansion de ce réseau de sentiers. Il était le point de départ pour une aventure hivernale composée de plusieurs dizaines de sentiers allant jusqu’à Saint-Adolphe. On projetait même de relier éventuellement le camp Mercier à ce réseau.
Le club Ook-Pik déménagera finalement au Mont-Tourbillon, à Lac-Beauport, en novembre 1981. Le coût des locaux et la déforestation des sentiers font partie des raisons qui expliquent ce déménagement dans la localité voisine.
En 1987, le quotidien Le Soleil précise que le réseau de pistes de ski de randonnée s'étire sur 113 kilomètres et qu'il est partagé par plusieurs municipalités, dont Lac-Beauport, Sainte-Brigitte-de-Laval et Saint-Adolphe. Ce réseau comprend alors 4 gîtes chauffés au bois et bénéficiait d'une sécurité assurée par des patrouilleurs qualifiés.
En marge des sentiers du Club Ook-Pik, en février 1984, un réseau municipal de ski de fond de 22 kilomètres s'étendant le long de la rivière Montmorency a été inauguré à Sainte-Brigitte-de-Laval grâce à une subvention du ministère des Affaires municipales. Jusqu’au début des années 1990, le centre de ski de fond de Sainte-Brigitte est situé au 8, rue de la patinoire.
En parallèle, l'année 1988 a vu naître un ambitieux projet de construction d'un nouveau centre de ski alpin, annoncé avec enthousiasme par le maire Gabriel Lalonde. Ce projet d'une valeur de 6 millions de dollars promettait des perspectives excitantes, mais, malheureusement, il n'a pas été concrétisé...
Conclusion
Au fil des décennies, l'histoire du ski à Sainte-Brigitte-de-Laval a connu des hauts et des bas, marqués par des périodes florissantes entrecoupées de déclins inexplicables. Des clubs ont émergé, ont prospéré brièvement, pour ensuite se dissoudre ou déménager, laissant derrière eux des souvenirs et des interrogations sur les raisons de leurs disparitions.
Aujourd'hui, bien que le ski à Sainte-Brigitte-de-Laval soit moins dominant qu'auparavant, quelques signes émergent d'une résurgence timide, notamment avec des activités récentes sur les vastes terrains du club de golf Alpin grâce à une subvention de la ville de Sainte-Brigitte-de-Laval. Cependant, ces initiatives actuelles semblent loin de rivaliser avec le vaste réseau de sentiers qui caractérisait autrefois l'arrière-pays.
Le passé du ski à Sainte-Brigitte-de-Laval reste un héritage précieux, un rappel des moments glorieux où les passionnés de ce sport ont animé les montagnes environnantes, tout en posant des défis pour ceux qui aspirent à rétablir la grandeur de cette tradition hivernale.
Si vous avez des images ou des documents d'archives liés à l'époque du ski de club Laval-Montmorency, du club Ook-Pik ou de la pratique d'autres sports d'hiver à Sainte-Brigitte-de-Laval, n'hésitez pas à nous écrire à societehistoiresbdl@gmail.com.
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