Le ski à Sainte-Brigitte-de-Laval possède une riche histoire ancrée dans une tradition séculaire. Depuis les premières traces de ce sport dans la région de Québec et le développement des premiers clubs de ski au Canada, cette pratique hivernale s'est rapidement enracinée dans les coutumes des habitants.
Dans ce premier de deux articles sur le ski à Sainte-Brigitte-de-Laval, découvrez comment cette passion pour le ski s'est cristallisée au fil du temps, menant à la fondation du Club de ski Laval-Montmorency, symbole vibrant de cet engouement pour les sports de glisse au milieu du 20e siècle.
L'origine du ski au Québec
La pratique du ski au Québec aurait été introduite par un dénommé Birch. Cet immigrant d’origine norvégienne aurait chaussé de longs skis pour entreprendre en solitaire une expédition de Montréal à Québec en 1879 (Le Courrier du Canada, 14 février 1879 ).
Trente-cinq ans plus tard, le premier club de ski au Canada, le Montreal Ski Club, est fondé en 1904 alors que celui de Québec, le Quebec Ski Club, prend vie en 1907. Dans la région de Québec, les plaines d’Abraham sont d’abord le lieu de prédilection pour pratiquer ce sport d’hiver. Puis, les promoteurs envisagent de développer les montagnes au nord de Québec pour profiter de cette manne.
Le célèbre skieur Herman Smith-Johannsen (surnommé Jackrabbit) va notamment convaincre les promoteurs d’ouvrir un centre chez nos voisins du Lac-Beauport, au Mont Murphy (Le Relais), en 1936. Cette ouverture est suivie plus tard par celles du Mont Taylor (Mont-Tourbillon) en 1937 et du Mont-Saint-Castin (autre versant du Mont Murphy) en 1939.
Devant cette popularité manifeste, le chroniqueur sportif Lionel Lebel anticipe les événements futurs en déclarant en 1937, dans un article du journal Le Soleil , « qu’avant dix ans, nous aurons d’autres stations de ski à Laval, Stoneham-Tewkesbury, Valcartier, ainsi qu’au lac Sergent et au Lac Saint-Joseph ».
La pratique du ski à Sainte-Brigitte-de-Laval
Marie-Ursule Sanschagrin laisse entendre que la pratique du ski est bien implantée à Sainte-Brigitte-de-Laval dans les années 1940, précisant dans son ouvrage Civilisation traditionnelle des Lavalois que « toute la jeunesse fait du ski; même les aînés se servent des skis pour se rendre aux chantiers (…) Les tout petits ont aussi leurs skis ». Parlant de la messe de Noël, elle précise que « parmi les jeunes, il y a en a qui viennent en skis. Ils rangent leurs skis près de l’église ».
Parmi ces jeunes passionnés de ski, il y a les frères Eddie et Jim Berryman. Les deux jeunes hommes, originaires de Sainte-Brigitte-de-Laval, vont s’illustrer à travers des compétitions dans la région de Québec sous la bannière du Quebec Ski Club. En janvier 1938, Eddie Berryman remporte même la coupe Lévis-Mirepoix en cross-country battant son propre frère ainé, en seconde position, par un peu moins de 3 minutes.
La création du club de ski Laval-Montmorency
Un centre de ski apparait dans le paysage de Sainte-Brigitte-de-Laval en janvier 1948. Cette première mention apparait sous la forme d’une publicité dans le journal Le Soleil, le 10 janvier 1948. On y apprend qu’un nouveau centre est ouvert et qu’un service de transport est offert tous les jours, à partir du quartier Saint-Roch à Québec, par Autobus Giroux. Ce centre se trouvait à peu près où est situé la rue de la colline aujourd'hui.
Quelques mois plus tard, le 20 novembre 1948, le journal L’événement écrit que les promoteurs Alex Thomassin et Jos. Giroux désirent réorganiser le ski à Laval pour la saison 1948-1949 et convoque une assemblée pour définir cette restructuration.
Cette première assemblée est tenue le 28 novembre 1948 sous la présidence de Léandre Clavet. Il est entouré de Raoul Lussier (1er vice-président), Fernand Gaudreault (2e vice-président), Roger Auclair (secrétaire), Joseph Giroux (trésorier), Raymond Brindamour (directeur), André Fortier (directeur), Gérard Keough (directeur) et Lorenzo Lussier (directeur). Il est alors proposé par Raoul Lussier de nommer le club de ski Laval-Montmorency.
Le conseil d’administration estime à 300 le nombre de membres pour cette première année d’activité et on décide que l’écusson du club sera blanc, vert et rouge. Il existe déjà un câble de remontée à cette époque puisque les prix pour l’utiliser sont de 0,60 $ pour la journée, 0,25 $ pour l’après-midi et 0,25 $ à partir de 15 heures jusqu’à la fermeture. La carte de membre annuelle est vendue au coût de 1 $ et de 0,25 $ pour les écoliers.
Le club de ski Laval-Montmorency est affilié à la zone de ski de la Vallée du St-Laurent, un regroupement de plusieurs clubs.
Des activités pour tous, mais aussi des compétitions
Le 6 janvier 1949, le club de ski Laval-Montmorency est officiellement inauguré notamment par le curé M. Zéphirin Beaulé qui en profite pour bénir les skis. Jean-Yves Gosselin, un skieur unijambiste connu dans la région, est invité par les organisateurs à faire une démonstration de ses talents.
Des compétitions de ski de fond, de saut et de slaloms sont organisées dès la première année. Thomas (Tom) Dennie, athlète olympique, que l’on surnomme « le chevreuil », participe à certaines compétitions et remporte les prix Joseph Paquet, J.L. Welch et Elzéar Bédar pour ses performances remarquables en ski de fond. Parmi les autres récipiendaires de cette saison 1949 notons André Fortier (trophée L. Deblois), Jean-Pierre Dufresne (trophée Lucien Boivin et fils), Odilon Marquis (trophée Forest Keet), Arthur Duguay (trophée du club) et Fernand Goudreau (trophée Joseph Côté).
En mars 1949, le journal Le Soleil affirme que « des milliers et des milliers de spectateurs » sont présents pour assister aux compétitions. Exagération de journaliste ou réalité ? Difficile à juger ! Une chose est sûre, l’engouement est bien présent et le ski à Sainte-Brigitte-de-Laval vit son âge d’or. Chez les femmes, Jeanne Goudreault domine la compétition devant 13 autres concurrentes. Chez les hommes, Jean-Claude Dufresne domine les sauts chez les juniors alors que Raymond Giroux triomphe du côté des juvéniles.
En avril 1949, le club de ski Laval-Montmorency diversifie ses activités et organise un « dog derby » de 4 milles avec des attelages d’un seul chien. D’autres activités sont organisées en marge des activités de ski comme des « parties de sucre » et des descentes en traîne sauvage. Soulignons également qu’une patinoire jouxte le centre de ski et des courses de patins et de skis sur glace sont présentées.
Le récent hôtel Bédard, érigé en 1948, propriété du sportsman Elzéar Bédard, accueille d’abord les skieurs et héberge le quartier général du club, mais il est malheureusement incendié en novembre 1949. Voici ce qu'on peut lire sur la légende de la photo publiée dans L'Action Catholique du 17 janvier 1949: Photo prise lors de l'ouverture du Centre de Ski Laval, l'après-midi des Rois (6 janvier 1949), au cours d'un dîner offert aux membres directeur du club et aux invités. À la table d'honneur, au fond, de gauche à droite, on remarque MM. Marcel Pouliot, organisateur du Centre: Lauréat Groleau et Elzear Bédard, propriétaires du club; M. Auclair, de la Commission Scolaire de Laval; Mme Yves Prévost, M. le curé Zephirin Beaulé, de Laval; M. Léandre Clavet, président du Ski Club de Laval; Mtre Yves Prévost, député de Laval-Montmorency; M. Jos. Lapointe, maire de Laval; Albert Sylvain, de Québec, Jos. Giroux, trésorier et Roger Lussier, directeur. Les membres du club se réuniront désormais bien au chaud au restaurant Chez Boily, situé non loin du centre, où se trouve actuellement le Familiprix Extra (224 Avenue Ste Brigitte), juste à temps pour la nouvelle saison qui s’amorce en décembre 1949.
Dans la suite de cet article, Le ski à Sainte-Brigitte-de-Laval : âge d'or et déclin d'une pratique hivernale, nous abordons la destinée du club de ski Laval-Montmorency, sa relance dans les années 60 ainsi que la création du club Ook-Pik.
Si vous avez des images ou des documents d'archives liés à l'époque du ski de club Laval-Montmorency, du club Ook-Pik ou de la pratique d'autres sports d'hiver à Sainte-Brigitte-de-Laval, n'hésitez pas à nous écrire à societehistoiresbdl@gmail.com.
Très intéressant, je viens de constater en voyant la photo du club de ski en 1951, que j'avais une photo de mon père au même endroit à la même époque en 1949!