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  • Photo du rédacteurGary O'Brien

Le Tipperary Settlement

Dernière mise à jour : 18 août 2023


Qui étaient les colons derrière ce nom ?


Sur une carte de 1832, on trouve à jonction du chemin de Laval et le chemin vers le Lac Beauport, un endroit appelé « Tipperary Settlement » (BANQ: https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3121100). La raison de cette appellation est simple: les colons qui s’y sont établis en premier étaient presque tous originaires de ce comté en Irlande. Mais qui étaient-ils exactement et dans quelles circonstances sont-ils arrivés ici ?

D’abord, précisons que l’immigration irlandaise ne date pas seulement de la période dite de la famine (An Gorta Mór en irlandais), qui a commencé en 1845. Dès la fin des guerres napoléoniennes, des milliers d’immigrants sont arrivés dans ce qui était alors le Bas-Canada, après 1815. Ils provenaient surtout des Îles britanniques, donc d’Angleterre, du Pays de Galles, mais surtout d’Écosse et d’Irlande. Si plusieurs n’ont fait que transiter par le port de Québec, principal lieu d’accueil des navires à l’époque, des milliers sont restés au Québec, notamment en Beauce et au nord de Québec.


Les Irlandais qui nous occupent, ceux qui sont arrivés à Québec, ont peut-être travaillé d’abord comme journaliers à Québec, pour ensuite se faire offrir de coloniser les terres des rangs de L’Ange-Gardien et de Laval. Ils sont donc arrivés vers 1830.

Première partie-Les descendants Stapleton

Martin Stapleton et Mary Kelly, avec leurs enfants James (1818), Martin, (1819), Mary (1821), Bridget (1824), Hannah (1826) et Margaret (1828), arrivent autour de 1830. Les baptêmes de ces enfants sont tous dans la paroisse de Borrisoleigh (https://goo.gl/maps/rLXPBPsiCRdwqxQbA), située au centre du comté de Tipperary. Les derniers baptêmes indiquent plus précisément le lieu de naissance comme étant Pallas, ou Pallas Cross, situé à 3 km, donc dans un milieu rural. On peut supposer que comme d'autres immigrants irlandais, ils étaient engagés comme travailleurs agricoles. Étrangement, un deuxième Martin est baptisé à SBDL en juin 1836, et un autre membre de la famille, John, est né à un endroit inconnu vers 1835 ou avant, selon les recensements.



Pallas Cross est à 3 km de Borrisoleigh, au centre du Tipperary, au sud de l'Irlande


Cette famille nous a donc fourni des renseignements très précis sur son origine. De plus, Martin apparait au recensement de 1831, dans la « paroisse de Laval », avec une terre de 200 arpents, dont 2 seulement sont cultivés, 2 bêtes à cornes, voisins de Joseph « Callinor » (possiblement Carroll) et Philip Quinn (FamilySearch, site gratuit avec inscription: https://www.familysearch.org/ark:/61903/3:1:939D-VD11?i=4&wc=M6PT-1MH%3A162523701%2C162528701&cc=1834329).

En 1858, lorsque le Séminaire de Québec attribue des « Titre nouvel » aux concessionnaires de Laval, le contrat daté du 15 juillet 1858 nous indique que Martin Stapleton fils occupe le lot no 5 du Rang 2 de Laval, et a comme voisins au NE Edward et James Rockett et au SO, John Shaw. À noter que ce lot avait déjà été attribué en février 1838. Le document indique par ailleurs qu’il ne peut écrire ni signer. Les frères Martin et James ont une terre de 100 arpents chacun lors du recensement de 1851, sur laquelle ils n’ont récolté que quelques arpents, pour de l’avoine, des pois, des patates et des navets, en plus de produire des centaines de bottes de foin et de sucre d’érable. Dès 1870, la famille de James Stapleton a émigré dans le comté de Warren en Pennsylvanie, qui, après la découverte de pétrole en 1869, est devenu un pôle d’attraction pour des hommes cherchant du travail. Le plus jeune des frères, John, était déjà journalier à Québec en 1860, et ira s’établir plus tard à Manistee, au Michigan, où d’autres colons de Laval s’établiront également, dans l’industrie du bois. Étrangement, Martin et sa famille, du mariage avec Bridget Murphy, n’apparaissent pas au recensement de 1861.

En 1871, la ferme de Martin ne produit guère plus qu’en 1851, si ce n’est qu’il récolte 1000 bottes de foin. Il possédait un cheval et avait 2 cochons, dont un avait été tué ou vendu dans l’année. Il ne récoltait pas de bois sur sa terre. Il n’est guère surprenant que plusieurs habitants délaissent la terre pour les emplois dans le bois ou les usines qui commencent à apparaître, notamment en Nouvelle-Angleterre et dans le sud de l’Ontario. La terre demeure dans la famille au moins jusqu’en 1911, alors que le fils de Martin, William Stapleton, s’y trouve avec sa famille; mais en 1921, il est devenu journalier, vivant sur la 5e rue à Limoilou.

On peut supposer que la famille est partie après le décès du seul fils, William Georges, en 1915, à l’âge de 21 ans, d’une cause inconnue et inhumé au cimetière de SBDL.

Il faut ajouter que dès le mois de septembre 1893, William Stapleton avait vendu une partie de ses terres à James Dawson (le frère de son beau-fils Patrick qui a épousé Bridget Stapleton avant d’émigrer à Ottawa). Il est intéressant de noter que la description en anglais de cette terre indique qu’elle est délimitée « au sud par un ruisseau appelé colline tordue (crooked hill) et au nord par le chemin public ». Quel peut-être ce ruisseau situé près des terres numérotées 28 et 29 sur le cadastre ?

Ainsi, après cette date, le nom de Stapleton n’apparait plus aux recensements ni dans les registres paroissiaux. Cependant, parmi les filles de William Stapleton, deux vont demeurer dans la région de Québec, dont Lac St-Charles, et les descendants Stapleton y vivent encore sous les noms de Hogan, George, Aubé, Gingras et Lepire. Ce sont Mary Ann Ellen (1888 SBDL-1963, Québec) et Daly Monica (1896 SBDL-?).


Comme on le verra par la suite, les Stapleton sont venus ici avec d’autres familles originaires de la même région, et nous constaterons qu’ils connaissaient déjà les Dawson, Keough, Bolan, Kelly, Ryan, Carroll…


Pour ce qui est du nom Stapleton dans la région de Borrisoleigh, il est très répandu; certains révolutionnaires de 1916 portaient ce nom dans le comté de Tipperary et une recherche rapide nous donne quelques noms de sportifs connus. Enfin, on peut se prendre une bonne Guinness au Stapleton’s Bar, sur la rue principale!


Source: Googlemaps streetview


Note sur les noms de famille des deux premiers ancêtres, Martin Stapleton et Mary Kelly

-Vers 1850, le nom Stapleton apparait 214 fois dans le comté de Tipperary, soit beaucoup plus qu’ailleurs, ensuite le comté de Kilkenny voisin (84) et Laois (24). C’est dans la paroisse de Borrisoleigh où on en retrouve le plus. Ce serait un nom d’origine anglo-normande, venu après l’invasion*. Quant au patronyme Kelly, il est répandu partout en Irlande, et il serait difficile de trouve le moindre patelin dans lequel il n’y a pas de Kelly! C’est le 2e nom de famille le plus répandu en fait. (Source: https://www.johngrenham.com/surnamescode/1911_deds_full.php?surname=Kelly )



La terre de Martin Stapleton en 1874, le nord est à gauche sur cette carte, la rivière Montmorency au sud.


Dans son livre, Soeur Marie Ursule mentionne parmi les Irlandais qui ont tenté de coloniser le nord de la paroisse, "Bill" Stapleton", le fils de Martin Stapleton, (page 56).

(https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/3199659)

Pour ceux et celles qui s'intéressent à cette famille, voici un tableau des descendants de William Stapleton et Mary Kelly jusqu'à la 4e génération, sous format pdf.






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