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  • Photo du rédacteurMarc Gadoury

La pêche sportive sur la rivière Montmorency : plus qu’une histoire de gros poissons

Dernière mise à jour : 29 mai 2023

Pratiquée dans la rivière Montmorency depuis le 19e siècle, la pêche sportive est intrinsèquement liée à l’histoire de Sainte-Brigitte-de-Laval et à ses habitants. Encore aujourd’hui, les anciens ont tous des histoires de pêche extraordinaires…et parfois un brin exagéré à vous raconter!

La rivière Montmorency, Laval. J.W. Michaud. 1949. BANQ

La pêche sur la Montmorency est d’abord pratiquée par ses riverains et sœur Marie-Ursule Sanschagrin témoigne de cette habitude dans son livre Civilisation traditionnelle des Lavalois :


« Les Lavalois n’avaient pas besoin de s’éloigner pour pêcher ou chasser ; il est donc facile de comprendre que ces deux distractions aient représenté des ressources pour le colon et l’habitant. »

Au premier temps de la colonisation du territoire, cette pêche en était une de subsistance avant de devenir une activité de loisir et de détente qui ralliait petits et grands.


« Ce même esprit ingénieux qu’on trouvait chez les parents se manifestait chez les enfants. Désirant aller à la pêche, ils se faisaient des lignes de crins de cheval. Une tresse de quatre brins faisait une très bonne ligne. On l’attachait à une perche de cormier; « ce bois était chanceux pour pêcher la truite » peut-on lire dans Civilisation traditionnelle des Lavalois.

La bourgeoisie en visite à Laval


A View on the Montmorency River with Habitants Fishing. Estampe de James Peachy, 1780 © Royal Ontario Museum

Dans son article sur L’histoire de la pêche sportive au Québec, l’ethnologue et historien Paul-Louis Martin affirme qu’une des premières représentations de la pêche à la ligne au Québec est une estampe de James Peachy datée de 1780 qui illustre une scène sur la rivière Montmorency. Deux années, plus tard, Peachy reproduit la même scène en introduisant cette fois-ci un pêcheur à la mouche.


La pêche à la mouche est une tradition britannique bien ancrée et après la Conquête, ce sont principalement les populations anglophones qui vont introduire cette activité au Québec.


La pêche sur la Montmorency est aussi expérimentée par les citadins et les voyageurs de passage qui n’hésitent pas à parcourir plusieurs kilomètres à cheval ou à pied en partance de Québec pour venir taquiner l’omble de fontaine (communément appelée truite mouchetée) sur le territoire de Sainte-Brigitte-de-Laval.

Morning chronicle and commercial and shipping gazette, 30 juin 1877

C’est une activité bien appréciée par la bourgeoisie comme en témoigne une des premières mentions d’une excursion de pêche à Laval en juin 1877.

Cette excursion funeste coûta la vie à Elizabeth Falkenberg dont la voiture tirée par des cheveux bascula dans un ravin après qu’un pont pourri céda sous le poids de l’attelage. Mme Falkenberg est la veuve de Gerhard-Knut-Alfrid Falkenberg, consul de la Suède et de la Norvège au Canada. Lors de cette excursion, Mme Falkenberg était accompagnée de son fils, de l’avocat Charles-Andrew Pentland ainsi que de M. et Mme de Wolf.




Des captures prodigieuses


Plusieurs récits mettent l’accent sur le caractère prodigieux de certaines pêches réalisées à Sainte-Brigitte-de-Laval.


Évidemment, chaque pêcheur avait son petit endroit secret qu’il protégeait jalousement, mais quelques-uns plus bavards ont identifié les remous du curé et les remous à Théodore comme des endroits de prédilection.


Le journal L'électeur du 22 juin 1888 raconte que le séminariste Gustave Langelier a récolté une truite de 3 livres ½ mesurant plus de 20 pouces de longueur. M. William Dawson lui servait de canotier pour cette partie de pêche. L’article mentionne que M. Langelier a donné sa capture à l’honorable Honoré Mercier alors Premier ministre du Québec.

L'électeur - 22 juin 1888

Dans le Courrier du Canada du 7 juin 1890, on apprend que M. H.S. Dyne a capturé une truite de 3 livres ¾ près de chez M. William Dawson. Fier de sa capture, M. Dyne fait même exposer son trophée dans la vitrine d’un commerçant de la rue Saint-Jean à Québec.

Le Courrier du Canada - 7 juin 1890

Dans « Civilisation traditionnelle des Lavalois », Pierre Sanschagrin témoigne dans les année 1940 « qu’il y avait du poisson dans la rivière (la Montmorency) ! Des truites en masse, des truites de cinq livres ». Même chose pour Jeremy Tiernay qui raconte « We used to catch thirteen dozen, fifteen inch trout at one time».


La Montmorency, faiseuse de veuves


Tantôt sinueuse et calme, tantôt tumultueuse et périlleuse, la rivière Montmorency est un cours d’eau à fréquenter avec la plus grande prudence. Au cours de nos recherches, nous avons recensés des dizaines de noyades dans la rivière Montmorency, plusieurs s’étant produites lors d’une excursion de pêche.

Ainsi, en juillet 1877, une triple noyade met en évidence le caractère imprévisible et dangereux de la rivière alors qu’un pêcheur, après avoir perdu le pied sur une roche glissante, entraîne dans l’eau son ami qui essaie de l’agripper. Le troisième tente alors de sauver ses deux amis emportés par la rivière. Résultat : les 3 habitants de Laval y laisseront leur peau.


Le 26 juillet 1917, on rapporte dans Le Devoir une autre triple noyade alors que 3 jeunes gens de Québec, venus taquiner la truite à Laval, chavirèrent en canot dans la rivière Montmorency.


le 27 mai 1937, c’est la noyade de J-A Côté, ancien gérant de la Royal Paper Box et ancien président de Parisian Corset, lors d’une excursion de pêche à Laval qui fait grand bruit dans plusieurs journaux dont L'Action catholique.



Conclusion


La pêche sportive sur la rivière Montmorency est plus qu'une simple histoire de gros poissons. C'est une activité qui a une signification culturelle importante pour les habitants de Sainte-Brigitte-de-Laval.


La Montmorency a été le théâtre de captures prodigieuses qui ont suscité l'admiration de tous, mais elle a aussi été la source de tragédies et de pertes, rappelant que la nature peut être imprévisible et dangereuse.


Aujourd'hui encore, la pêche sportive continue d'être pratiquée sur la Montmorency, faisant ainsi perdurer une tradition qui est chère aux cœurs des Lavalois et qui rend hommage à leur riche patrimoine culturel.


Vous avez des histoires de pêche à nous raconter, vous avez des photos d'époque ou de l'attirail de pêche antique, n'hésitez pas à nous écrire.



353 vues1 commentaire

1 comentário


alldawson53
12 de abr. de 2023

L'endroit de la noyade des trois jeunes qui ont glissés du rocher qui sépare la rivière, ressemble bien selon la description au remous chez Plamondon, à la hauteur de la rue Parent.

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