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Photo du rédacteurMarc Gadoury

La chasse au caribou à Laval au 19e siècle

Dernière mise à jour : 30 juil.

Saviez-vous le caribou des bois (Rangifer tarandus caribou) était chassé au nord de Sainte-Brigitte-de-Laval au 19e siècle? Ce fait est authentifié par plusieurs sources de l’époque et des témoignages récoltés dans les années 1940.

Hunters resting, Col. William Rhodes and Octave the guide, Caribou hunting series, Montreal, QC, 1866. William Notman Studio (1863-1877). © McCord Stewart Museum.

La chasse au caribou dans la vallée du Saint-Laurent


L’animal occupait la limite de la forêt boréale et de la forêt mixte, dans « presque toute la vallée du Saint-Laurent à l’arrivée de l’homme blanc où il voisinait l’original » raconte l’ethnologue et historien Paul-Louis Martin dans son livre La chasse au Québec (Boréal, 1990).


« En 1867, on pouvait encore chasser le caribou entre Les Piles et La Tuque; en 1880, on le chassait encore au Témiscamingue, au Mont-Tremblant, en arrière de Lotbinière et à Rimouski » précise Paul-Louis Martin.


The Caribou Hunters, 1866. Cornelius Krieghoff (1815-1872). © Art Gallery of Ontario.

Dans son article Le gibier de la province de Québec publié dans le rapport de la Commission de la conservation en 1911, E.T.D. Chambers écrit :

« Au coin sud-est du parc national des Laurentides, situé juste au nord du Saint-Laurent, entre Baie-Saint-Paul et l’embouchure du Saguenay, se trouve une grande bande de terre appelée Les Jardins où les caribous vivent par milliers.»

Chambers parle évidemment du secteur connu actuellement sous le nom de Parc national des Grands-Jardins. Il n’est donc pas exagéré de penser que certains de ces troupeaux qui parcouraient la région de Charlevoix venaient brouter jusque dans les territoires au nord de Sainte-Brigitte-de-Laval, plus précisément sur les terres du Séminaire de Québec.


Une des premières mentions de la présence du caribou à Laval est relevée dans le Courrier du Canada le 11 janvier 1864 :


Le 21 décembre 1886, dans Le Courrier du Canada, on rapporte qu’un dénommé F.X. Garneau a tué 6 magnifiques caribous dans un court espace de 11 jours dans les bois en arrière de Laval.



Dans L’Événement, le 16 avril 1887, le même individu est condamné à payer 50 $ d’amende ou à faire 3 mois de prison pour avoir abattu dix-huit caribous pendant la dernière saison alors qu’il n’avait le droit d’en tuer ou capturer que sept.


Dans son livre Civilisation traditionnelle des Lavalois, sœur Marie-Ursule Sanschagrin évoque aussi la pratique de la chasse au caribou à Laval avec ce témoignage d’un habitant :

C’est encore ce vieux Canadien français qui nous dit : « Des orignals (sic) et des cariboux (sic), j’en ai tué en masse, plus gros qu’un cheval ».

De l’usage du caribou


L’animal était chassé pour sa viande, mais sa dépouille était aussi utilisée pour faire des bottes et des raquettes. Voici ce que sœur Marie-Ursule raconte à ce sujet :

« Le bonhomme Touchette (Élie) prenait une peau de caribou pour faire ses raquettes. Il couvrait la peau de cendres et la mettait à la chaleur. Alors il la lavait avec l’eau tiède et du savon. Il mettait la peau dehors pour la geler et elle devenait claire ; on voyait les mains à travers la peau. Il travaillait la peau une secousse et ensuite la remettait dehors. Il se servait de la peau du caribou pour les babiches. Pour les bouts (en avant et en arrière) il fallait des babiches plus fines, alors il les faisait de la peau de veau. Il taillait les babiches du milieu trois huitièmes d’un pouce de large et ceux des bouts un huitième de large. Pour que la corde reste étirée dur il la savonnait et l’étirait sur deux clous. Enfin il l’ôtait, l’humectait et laçait les raquettes. Quand même s’il y avait de l’humidité, les babiches restaient dures. Le fût (cadre de bois) était en frêne. »

La disparition du caribou et sa réintroduction dans Charlevoix


Avec l’expansion de la colonisation, l’exploitation forestière et la pression de la chasse, les limites du territoire du caribou ont régressé jusqu’à ce qu’il disparaisse complètement du sud du Québec dans les années 1920.


Ce qui est encore plus extraordinaire, c'est qu'on mentionne encore la présence de l'animal sur le territoire en 1911 dans un entrefilet qui raconte un accident tragique dans Le Devoir :


De 1969 à 1972, 82 caribous des bois, dont les géniteurs provenaient de l’ouest de Fermont et du sud du Labrador, ont été réintroduits dans la région de Charlevoix, mais la population n’a cessé de diminuer depuis.

Caribous sur les terres du Séminaire de Québec dans les années 80. Merci à Simon Bélanger pour la photo.

La harde ne compte plus qu’une vingtaine de bêtes aujourd’hui.


Pour en savoir plus :




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