L'histoire de Roméo Fortier, un jeune homme originaire de Sainte-Brigitte-de-Laval, est celle de nombreux Canadiens qui, durant la Seconde Guerre mondiale, ont répondu à l'appel du devoir pour défendre la liberté en Europe. Sa vie, tragiquement interrompue en 1944 sur le front de Normandie, est un poignant exemple des sacrifices consentis par tant de soldats canadiens.
Ce récit met en lumière non seulement son parcours personnel, mais également le rôle crucial des forces armées canadiennes dans les derniers assauts de la guerre. À travers la vie de Fortier, nous rendons hommage à ces héros qui ont contribué à façonner l’histoire du Canada et du monde.
Roméo Fortier, un héros lavalois aux origines modestes
Roméo Fortier est né le 17 mai 1920 à Sainte-Brigitte-de-Laval. Il est le fils d’Adolphe Odilon Fortier (1891-1982) et de Blandine Ernestine Auger (1895 – 1935). Issu d’une famille modeste, il avait quatre frères (Lucien, époux de Gemma Thomassin; Daniel, époux de Marie-Paule Thomassin: Roland, époux de Marcelle Dufresne et Gérard) et une sœur, Blandine, épouse de Marcel Thomassin, qui allait plus tard jouer un rôle important dans la préservation de sa mémoire. Ayant quitté l’école à l’âge de 16 ans, Roméo avait appris le métier d’assistant-menuisier. Célibataire, il travaillait toutefois comme bûcheron pour la Canadian Anglo Pulp depuis cinq ans avant de s'enrôler dans l'armée. Lorsque la guerre atteint son paroxysme en Europe, Roméo Fortier décide de s'engager. Il s'enrôle le 19 mars 1943, à l'âge de 22 ans, au centre de recrutement de Québec. Il rejoint le régiment des Fusiliers Mont-Royal, un corps d'infanterie canadien-français de renom ayant participé à de nombreuses batailles cruciales du conflit. Il exprime son désir de devenir mécanicien dans sa fiche d’enrôlement.
Fortier débarque au Royaume-Uni le 25 août 1943, où il reçoit un entraînement militaire intensif. Roméo est formé comme tireur d’élite (sniper), un rôle particulièrement périlleux sur le champ de bataille. Plus tard, il est déployé en France le 8 juillet 1944, alors que les Alliés poursuivent leur avancée à travers la Normandie.
Malheureusement, sa bravoure et son engagement ne lui permettront pas de voir la fin de la guerre. Quatorze jours à peine après son débarquement en France, Roméo Fortier est tué au combat sur le front de l'ouest, le 22 juillet 1944, à l'âge de 24 ans.
Contexte historique
Le cimetière où repose Roméo Fortier, à Bretteville-sur-Laize dans le Calvados, est situé au cœur de la région de Normandie, théâtre d’intenses combats entre les forces alliées et les divisions allemandes. Ces derniers assauts, notamment la capture de Caen et l’offensive vers le sud menée par la 4e Division blindée canadienne et la 1re Division blindée polonaise, visaient à fermer la «poche de Falaise». Il s'agissait d'un effort stratégique crucial pour encercler les forces allemandes et les empêcher de se replier à l’ouest de la Seine.
Le cimetière de Bretteville-sur-Laize est le dernier lieu de repos de près de 3 000 victimes du conflit, dont de nombreux soldats du 2e Corps d’armée canadien. Ce lieu est un témoignage puissant de l'engagement des Canadiens dans les combats décisifs de l'été 1944, qui ont contribué à l'effondrement des lignes allemandes en Europe de l’Ouest. Le sacrifice de Roméo Fortier et de ses camarades a ouvert la voie à la libération de la France et, ultimement, à la fin de la guerre.
La mémoire de Roméo Fortier
La disparition de Roméo Fortier laisse un vide immense dans sa famille et sa communauté. Sa sœur, Blandine Fortier, épouse de Marcel Thomassin, est déterminée à honorer la mémoire de son frère. Dans une lettre datée du 16 septembre 1949, adressée au ministère de la Défense nationale, elle réclame les médailles posthumes de Roméo, affirmant son désir de les déposer dans l'église de leur village pour que « tout le monde pense à lui dans leur prière ». Par cette démarche, Blandine souhaite inscrire le sacrifice de son frère dans la mémoire collective de la communauté lavaloise. Elle espère rappeler à tous que Roméo, comme tant d'autres, a « dévoué sa vie pour nous autres ». Fortier a reçu plusieurs distinctions à titre posthume, notamment l'Étoile de France et d'Allemagne, la Médaille de la Défense, la Médaille de guerre 1939-1945, ainsi que la Médaille canadienne du volontaire avec agrafe.
Conclusion
Roméo Fortier incarne le courage et l'abnégation de milliers de Canadiens qui ont combattu pour la liberté durant la Seconde Guerre mondiale. Son histoire, qui prend racine à Sainte-Brigitte-de-Laval, résonne à travers les décennies comme un hommage à tous ceux qui ont fait le sacrifice ultime pour mettre fin à l'oppression et à la tyrannie.
En commémorant sa vie et sa bravoure, nous perpétuons le souvenir de l'engagement canadien dans la lutte pour la paix et la liberté.
Merci à Clermont Thomassin d’avoir documenté le dossier militaire de Roméo Fortier et à Yves Pomerleau pour les validations généalogiques.
Si vous avez des informations supplémentaires concernant Roméo Fortier (photos, correspondance, anecdotes, n'hésitez pas à nous écrire à societehistoiresbdl@gmail.com
Pour en savoir plus :
Roméo Fortier (1920-1944)
Le Canada et la Seconde Guerre mondiale (Musée canadien de la guerre)
Seconde Guerre mondiale 1939 – 1945 (Anciens combattants)
Deuxième Guerre mondiale | l'Encyclopédie Canadienne
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