N'y a-t-il pas de moment plus opportun dans l'année pour parler de fantômes, diable, loups-garous et autres créatures nocturnes qui rôdent sur nos chemins et dans nos montagnes. Alors que l’Halloween et le mois des morts approchent, voici le moment propice pour replonger dans les contes et les légendes du passé et évoquer le souvenir des trépassés…
De nos jours, nous disposons d'une multitude de sources pour éprouver des sensations de terreur : des films d'horreur, des romans angoissants, des légendes urbaines effrayantes, et soyons honnêtes, nous avons tous un petit faible pour les frissons qui nous font ressentir intensément notre propre vitalité ! Par le passé, ce besoin était tout aussi présent ! Les contes et les légendes exploitaient ce désir de ressentir la peur, tout en incorporant souvent une leçon de vie, dans le but de préserver les valeurs morales.
Des légendes transmises par des habitants de Sainte-Brigitte-de-Laval
Comme l’explique Marie-Ursule Sanschagrin dans Civilisation traditionnelle des Lavalois : « quoique la légende s'inspire généralement de thèmes anciens et universellement répandus, elle prend, la plupart du temps, la forme d'un souvenir personnel, ce qui lui donne une apparence de vérité. »
Grâce aux enquêtes ethnographiques de Marie-Ursule Sanschagrin à Sainte-Brigitte-de-Laval, dans les années 1940, nous pouvons replonger dans ces histoires transmises de bouche à oreille et teintées de fantastique, mais aussi de terreur…
Une âme en peine : histoire racontée par M. Delphis Clavet
Dans l'ancien temps, chasse-galerie se disait pour des âmes en peine qui parcouraient les airs. Georges Laconte est allé bûcher du bois et s'est fait tuer. Il était pris entre deux arbres. Après sa mort on entendait des bruits dans les airs tout autour de la place où il s'est fait tuer. On a demandé à M. le curé d'y monter pour dire des prières. Un dimanche M. le curé et quelques paroissiens sont montés sur la montagne (Big Billy’s Mountain où William Dawson habitait autrefois) et y ont planté une croix. Ils ont dit le chapelet et sont descendus. Après cela on n'a jamais plus entendu de bruits. Le diable, beau danseur : histoire racontée par M. Édouard Fortier
Deux jeunes filles voulaient aller danser, mais leurs parents ne voulaient pas les laisser aller veiller. Après que leurs parents furent couchés, les jeunes filles sont sorties par la fenêtre. En route, elles se sont dit : « Si on avait un beau garçon pour nous accompagner. Il se fait tard. On aimerait mieux ça ; y arriver seules, c’est gênant ». Juste à ce moment, un homme est arrivé en traîneau avec un beau cheval. Il a embarqué les deux jeunes filles et a continué à la maison où avait lieu la soirée. L’homme est entré avec les jeunes filles et a commencé à danser. Il avait laissé son cheval à la porte sans le dételer. Les gens se sont aperçus que la neige était toute fondue en dessous du cheval. Ils sont entrés dans la maison et ont dit aux autres que cet homme était le diable. L’homme, vous savez, avait dansé avec les jeunes filles sans ôter ses gants. Il y avait une vieille femme assise dans un coin ; elle disait son chapelet. Chaque fois que l’homme dansait tout près d’elle, il lui faisait des grimaces. Quand tout le monde a vu ces choses-là, ils ont averti le chef de la famille. En se voyant pris comme ça, le jeune homme s’est tourné (transformé) en bebite et s'est caché sous le lit. Le cheval et le traîneau ont disparu de devant la porte. Les gens sont allés vite chercher M. le curé qui est venu chasser le diable et bénir les gens. Un avertissement de l’au-delà : histoire racontée par Mme Maurice Thomassin
J’avais un de mes oncles qui prenait de la boisson. Maman lui disait toujours : « Alexandre, je ne veux plus que tu prennes de la boisson. Si tu ne te corriges pas de ça, quand je mourrai, je te donnerai une tape ». Quand maman est morte, mon oncle arrivait chez lui. En débarquant de sa voiture, il a reçu une tape en pleine figure : une tape assez forte pour le jeter par terre. À ce moment il a pensé à sa soeur. Il a eu assez peur que c’est memère qui a dû lui ouvrir la porte de la maison. Il ne s’est pas couché cette nuit-là. Il a passé toute la nuit assis près du poêle. Il pleurait et répétait : « C’est Rosanna qui est morte et qui est venue me donner une tape ». Mon oncle prend encore de la boisson, mais il s’est corrigé d’en prendre trop.
Les fantômes du sentier vers Beauport : histoire racontée par Jerry Tiernay Lorsque les premiers colons allaient et venaient de Beauport la nuit, ils avaient l'habitude de voir ce qu'ils prétendaient être des avertissements ou des fantômes. Une vieille femme possédait un morceau de terrain sur lequel elle avait construit une maison. C'était sur la route de Beauport. Certaines personnes ont acheté la maison et l'ont chassée. Elle était tellement en colère qu'elle a maudit l'endroit. Peu de temps après, elle est décédée. Le vieux M. Hurley, un homme très religieux, revenait de Beauport un jour. Lorsque son cheval est arrivé au sommet de la colline près de cette maison, il est redescendu. Il est remonté trois fois et à chaque fois, le cheval est redescendu. Finalement, M. Hurley est descendu et a tracé le signe de croix sur le front du cheval. Quand ils sont arrivés au sommet de la colline cette fois-ci, il y a eu un éclair et M. Hurley a vu une vieille femme avec un gros cochon noir à ses côtés. Vous voyez, le cheval avait vu la femme et le cochon et il avait peur. Le cheval est allé tout droit cette fois-ci. Quand M. Hurley est rentré chez lui, son cheval était couvert de mousse parce qu'il avait eu une telle frayeur. C'était la vieille femme qui essayait d'effrayer les gens loin de la maison.
Une expérience surnaturelle près du marais : histoire racontée par Frank Keough Une nuit, Patsy Dawson et Sally Dawson rentraient chez elles. Au niveau du marais, la charrette devint tellement lourde que le cheval ne pouvait plus la tirer. Le cheval était couvert d'une mousse blanche. De petits poulains sont apparus devant le cheval. Sally est descendue de la charrette, a fait le signe de la croix sur la tête du cheval, et les poulains ont filé dans les buissons. La charrette a retrouvé son poids normal et elles ont continué leur chemin en se sentant très effrayées après cette expérience étrange.
Un loup-garou parmi nous : histoire racontée par Mme Edmond Beaudoin
Il y avait des hommes qui rentraient le foin pour un colonel Duguay près de Beauport. La nuit ils logeaient dans le fenil. Il y avait un des hommes qui partait tous les soirs. Un de ses compagnons avait connaissance de ça. Un soir il l’a suivi pour voir où il allait. Il a été étonné de le voir viré (se transformer) en chien. Quand celui-ci a repris sa forme humaine (vers minuit) il avait l'air si fatigué (il paraît que cela les fatigue beaucoup) que son compagnon ne l'a pas questionné. Le lendemain quand ils se sont tous levés pour déjeuner, son compagnon lui a demandé : « Où as-tu été hier soir ?
— Tu n'as pas besoin de savoir ça.
— Je sais où tu as été! J’ai vu arriver un gros chien avec un chien dans la
gueule. J’ai entendu croquer les os sous la charrette à foin.
— Si je t'avais vu, je t'aurais croqué, toi aussi. »
L'homme sans tête : histoire racontée par Mme Delphis Clavet
Le jour de la Toussaint la mère avait défendu à son fils d ’aller à la chasse et celui-ci y est allé pareil. En chemin il a rencontré un homme, mais il ne pouvait voir ni sa tête, ni sa figure pour le reconnaître. En effet, il était sans tête. L'homme était chaussé en grosses bottes de rubber. Il a traversé la rivière à la poursuite de l'homme sans tête. Il l'a suivi une secousse. Tout à coup, il a pensé à sa mère et comment il lui avait désobéi. Il a eu grand'peur et est vite rentré à la maison.
Conclusion
Les riches traditions populaires de Sainte-Brigitte-de-Laval comprennent un ensemble de légendes, des récits oraux qui se réfèrent à un passé où l'on croyait véritablement en ces phénomènes.
Ces histoires nous rappellent notre fascination pour le mystère et l'inexpliqué. Elles nous montrent comment les gens du passé cherchaient à comprendre et à expliquer les phénomènes étranges qui les entouraient.
Et vous, chères lectrices, chers lecteurs, avez-vous de vieilles histoires de peur à nous partager ou à nous raconter?
ความคิดเห็น