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Photo du rédacteurMarc Gadoury

J.E. Le Rossignol : une leçon de coexistence entre Canadiens français et Irlandais


Le livre de James Edward Le Rossignol est paru en 1908 et publié aux éditions Jennings and Graham, à Cincinnati.

La Société d’histoire de Sainte-Brigitte-de-Laval a retrouvé un extrait de « Little Stories of Quebec », un roman fictif écrit par James Edward Le Rossignol et publié aux éditions Jennings and Graham, à Cincinnati, en 1908.


Ce qui est particulièrement intéressant, c’est qu’une de ces histoires se déroule dans les premiers moments de l'histoire de Sainte-Brigitte-de-Laval.


L'histoire imaginée par l'auteur dépeint un conflit entre les Canadiens français et immigrants irlandais dans la paroisse nouvellement créée. Les différences culturelles, y compris les noms donnés aux enfants lors du baptême, deviennent alors des sujets de friction et de désaccord. On imagine que l'auteur avait une bonne connaissance de Sainte-Brigitte-de-Laval puisqu'il décrit avec justesse le tissu social de l'époque.


Qui était J.E. Le Rossignol ?


Il y a certainement un lien entre James Edward Le Rossignol et la famille Le Rossignol qui habite notre territoire depuis le 19e siècle. Toutefois, J.E. Le Rossignol n’est pas né à Sainte-Brigitte-de-Laval, mais à Québec.


Professeur d'économie, il a étudié à McGill University, Leipzig University et Clark University, et a été professeur à l'Université de Denver en 1907. Plus tard, il a été nommé professeur d'économie à l'Université du Nebraska, où il a également été directeur de l'École de Commerce de 1913 à 1919, puis doyen du College of Business Administration.


En plus de ses travaux sur l'économie, il a également écrit plusieurs recueils de nouvelles et le roman « Jean Baptiste » publié en 1915. Il est décédé le 4 décembre 1959.


Une leçon de coexistence pacifique entre Canadiens français et Irlandais


Comme vous le verrez, les personnages de cette histoire doivent apprendre à accepter et à apprécier les différences culturelles des autres tout en trouvant des moyens de vivre ensemble harmonieusement.


Laissons maintenant place à l’histoire racontée par James Edward Le Rossignol :


Les incidents se déroulent dans la nouvelle paroisse de Sainte-Brigitte-de-Laval, un nom donné par les bons pères du Séminaire afin de concilier les nombreux exilés d'Erin qui sont venus en étrangers dans la grande province de Québec et de les faire se sentir chez eux dans leur terre d'adoption.
François Xavier Lachapelle, le nouveau curé de la paroisse, a eu une idée qu'il considérait comme heureuse afin d'encourager les Canadiens et les Irlandais à vivre ensemble dans l'amour et l'harmonie, unis dans l'esprit, comme ils l'étaient déjà dans la foi et le baptême. Une nuit, la fortune lui sourit avec une occasion unique d’amorcer son expérience, et cela commença par le sacrement du baptême. Par une nuit hivernale tumultueuse, il était assis seul dans sa cabane devant un chaleureux feu de bois. Un fort coup à la porte fut suivi d'une voix qui dit : "C'est moi, Philéas Lafontaine". Il supplia le jeune prêtre de venir administrer le sacrement à sa fille mourante. Après de longs efforts pour lutter contre la neige qui tombait abondamment, les deux hommes atteignirent la cabane de Philéas, et le prêtre, se préparant à administrer le rite sacré, demanda : "Quel nom ?" Philéas répondit : "Si vous vouliez simplement choisir le nom, ce serait un grand honneur !" C'était là, la première opportunité du prêtre, et rapidement, en prenant l'eau bénite, il dit d'une voix solennelle : "Brigitte Lafontaine, je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen !".
À l'annonce du nom "Brigitte", Philéas poussa un profond soupir, mais par respect pour le saint prêtre, il ne protesta pas. Il était passé minuit quand le père Lachapelle se retrouva une fois de plus dans sa petite maison, très fatigué et très gelé. En se baissant pour retirer ses lourdes raquettes, il fut de nouveau surpris par un fort coup à la porte et, d'un ton d'irritation, demanda : "Qui est là ?" On lui répondit : "C'est moi, Phelim O'Brian". Père, pour l'amour de Dieu, venez chez moi et baptisez mon petit garçon avant qu'il ne meure. Je me suis réveillé en sursaut cette nuit, et l'horloge de la mort tictaquait sur le mur au-dessus du berceau du bébé, et elle n'a jamais tiqué comme ça sauf quand quelqu'un allait mourir... Venez chez moi, Père. L'enfant va mourir, et son âme - son âme immortelle - est sous votre responsabilité." Le prêtre épuisé atteignit enfin la maison, accompagné de son guide, et vit une autre occasion de réaliser une réconciliation bénie parmi les membres de son troupeau. "Quel nom, Phelim ?" demanda-t-il alors qu'il s'apprêtait à baptiser le bébé irlandais qui était en excellente santé. "Phelim et Patrick ont été nos noms de famille depuis la nuit des temps, mais c'est à vous de choisir le nom de l'enfant, Père." Alors, le prêtre parla : "Jean Baptiste O'Brian, je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen !."
C'était fait, et le curé de paroisse épuisé, se sentant avoir accompli son devoir auto-ordonné deux fois en une nuit, s'endormit dans le sommeil des justes. Cependant, son projet de médiation, bien que bien intentionné, fut mal reçu par les paroissiens de Sainte-Brigitte-de-Laval. Les cloches de Noël n'avaient pas cessé de sonner que deux délégations solennelles des habitants et des Irlandais apparurent au presbytère. Les anciens habitants étaient représentés par Isidore Turcotte, Pamphile Garneau et Théodule Plamondon; tandis que les colons irlandais étaient dirigés par Patrick Dawson, Denis Driscoll et Michael Lafferty.
Isidore Turcotte espérait ardemment qu'il ne serait pas nécessaire que les Canadiens natifs portent des noms étranges à leurs oreilles - des noms de saints qui leur étaient inconnus jusqu'à récemment, qu'ils n'avaient pas l'habitude de vénérer et qui peut-être ne s'intéressaient que peu à eux ou à leurs enfants. Les Canadiens français, ajouta-t-il, étaient prêts à vivre en paix avec les Irlandais, mais ne voulaient en aucun cas leur ressembler. Ils préféraient rester Canadiens, comme leurs ancêtres depuis de nombreuses générations.
L'impétueux Patrick Dawson ressentit les insultes d'Isidore Turcotte. "Père Lachapelle," s'écria-t-il : "Je parle au nom des saints sacrés d'Irlande. Qui n'a pas entendu parler de Sainte Brigitte, Saint Denis, Saint-Michel et Saint Patrick ? Ils sont connus dans le monde entier, même dans ce pays abandonné de Dieu qu'est le Canada... De plus, Père, il est ridicule de donner un nom français à un enfant irlandais. Jean Baptiste O'Brian, c'est déjà assez mauvais, mais Théophile Kelly, Zotique Driscoll, Pétroville Lafferty ! Seigneur ! Père, ça sonnerait mal, vraiment mal, etc."
Le Père Lachapelle refusa néanmoins de céder à la tempête et, au contraire, déclara qu'il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour instaurer la paix et l'unité entre les deux races grâce au véritable Pacificateur, le bébé. L'affaire fut portée devant l'évêque, qui déplaça le jeune et fanatique Lachapelle vers les tribus indiennes du Haut-Saguenay, tandis que le Père John Horan devint le prêtre de la paroisse de montagnes. Né en Irlande et éduqué en France, il possédait un fort sens de l'humour et un esprit de compromis, et fit beaucoup pour établir de bonnes relations entre les factions rivales. Il conclut l'une de ses allocutions conciliatrices par ces mots : "Quant à Brigitte Lafontaine et Jean Baptiste O'Brian, ils seront nos petits anges de paix et de bonne volonté dans la paroisse de Sainte-Brigitte-de-Laval".

Conclusion


L'histoire de James Edward Le Rossignol met en évidence l'importance de l'acceptation et de la compréhension mutuelle pour favoriser l'harmonie entre différentes communautés culturelles.


Cette histoire intemporelle nous invite à réfléchir sur notre propre capacité à bâtir des ponts entre les cultures et à promouvoir la tolérance dans nos sociétés multiculturelles, afin de créer un monde où chacun peut vivre en harmonie, quel que soit son héritage culturel.


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