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Photo du rédacteurMarc Gadoury

À la croisée de l'industrie et de la nature: le moulin à scie à vapeur de la rivière au Pin

Dernière mise à jour : 13 mai 2023

Dans la première moitié du 19e siècle, une technologie novatrice fait son apparition sur notre territoire intimement liée à l’essor de l’industrie forestière dans la région. Sa présence est loin d’être banale dans notre localité.


D’abord, une vente à l’encan


Dans la Gazette de Québec du 18 mars 1841, des immeubles situés à l’Ange-Gardien et à Laval sont vendus à l’encan à la suite de la faillite de Augustus Robert Sewell, marchand de bois de Québec.


Ce qu’on apprend dans cette vente à l’encan, c’est que A.R. Sewell possède une certaine étendue de terre située au 5e rang de la paroisse de l’Ange-Gardien. Cette portion de terre se trouve aujourd’hui sur le territoire de Sainte-Brigitte-de-Laval.


Elle contient plus de 100 arpents et plus en superficie formant un triangle irrégulier dont la base s’étend environ 12 arpents le long de la rivière Montmorency et de laquelle étendue une partie considérable est défrichée et en culture. On précise que le site est avantageux pour des moulins près de l’embouchure de la rivière au Pin qui traverse la dite étendue de terre.


D’abord, ce qui est intéressant, c’est que ce n’est pas la première fois dans les documents anciens que nous rencontrons le nom de rivière au Pin au singulier plutôt que le nom d’usage aujourd’hui qui est au pluriel : rivière aux Pins. Dans le « Plan du chemin qui conduit à la paroisse de Laval dans la seigneurie de Beaupré arpenté et exploré par l'ordre des commissaires nommés à cet effet au commencement de septembre 1831 », on retrouve également cette désignation.


Un moulin à scie...à vapeur


C’est grâce à cette vente à l’encan que nous apprenons qu’à l’embouchure de la rivière au Pin, on retrouve à l’époque un moulin à scie à vapeur.


Source : La gazette de Québec, 18 mars 1841.

Pour actionner les scies de moulin, on ne sert pas de l’énergie hydraulique comme il est plus commun de le voir, mais de la vapeur produite par une chaufferie.


La description du bâtiment est particulièrement intéressante :

« Un bâtiment à l’embouchure de la Rivière au pin, destiné à un moulin à scie à vapeur et récemment construit à près de £1000 de frais, comprenant le moulin de 60 pieds sur 50, avec la charpente pour le mécanisme, et la chaufferie, d’environ 40 pieds sur 20 avec les fourneaux, tuyaux de cheminée, etc., mais aussi un arbre de moulin de plus de 50 pieds, construit du meilleur bois ».

Embouchure de la rivière aux Pins et de la rivière Montmorency.

C’est une technologie fort novatrice pour l’époque, introduite au pays en 1818 par John Goudie. C’est lui qui a ouvert à Québec, le premier moulin actionné à la vapeur qui ait existé au Canada. Ce n’est donc pas banal qu’on construise un moulin à scie à vapeur en 1841 à Laval.

Illustration fictive. Image générée par Dalle-2.

Un véritable domaine


Outre ce bâtiment industriel, on retrouve également sur cette étendue une maison d’habitation dans le voisinage immédiat du moulin de 35 pieds sur 24, presque achevée, et dont la construction a coûté plus de £150 ainsi qu’une maison de ferme avec étable, granges et autres bâtiments, parmi lesquels une rangée d’écuries pour 20 chevaux.


On précise que la situation de ces propriétés est avantageuse étant sur les bords de la rivière Montmorency et ayant « un très bon chemin pendant trois mois de l’hiver à un peu plus de quatre lieurs de distance de Québec ».


Et plusieurs autres lots de terre


Augustus Robert Sewell possède plusieurs autres lots de terre à l’Ange-Gardien et à Laval, certains ayant maisons et bâtiments dessus construits. Ces lots se trouvent notamment dans le 6e rang de l’Ange-Gardien, les 1er, 2e, 3e, 4e et 5e rangs de Laval.


On précise également que la vente inclut plusieurs milliers de billots qui se trouvent « dans ou près de la rivière au Pin ».


Qui est Augustus Robert Sewell?


Yves Pomerleau, notre spécialiste en généalogie, a essayé d’en savoir plus sur notre homme. On sait que sa femme se prénomme Sarah et qu’ils ont eu un enfant Mary Rosalie Sewell, baptisée à l’église Chalmers-Wesley United de Québec en juin 1834 et décédée en juillet 1835. Paul Sewell est un des témoins lors de l’inhumation de Mary Rosalie Sewell.


Augustus Robert Sewell ne serait pas parent avec Jonathan Sewell, juge en chef du Bas-Canada de 1808 à 1838.


Un sort inconnu


Impossible pour le moment de savoir si ce moulin a perduré dans le temps et jusqu’à quelle année. On sait toutefois qu’en 1848, une vente à l’encan a lieu pour une ferme appartenant à A. Patterson à Laval.

On ne précise pas le lieu, mais on indique qu’un moulin à scie et un autre bâtiment avec fournaise et cheminée en briques se trouvent adjacents à la ferme. Ça ressemble étrangement à notre moulin à vapeur, mais nous n’avons pas plus d’autres preuves pour le moment. Nous poursuivons nos recherches sur le sujet.


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